PROLOGUE

D'UNE SOLITUDE À L'AUTRE

Ce livre est mis à jour 2024. Versions papier sur Amazon

Carte: 4 principaux voyages

 Chanson: "Red Clay" (4m15)
 S'ouvre dans un autre onglet
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 VIDÉO 40s en boucle:


Notes de lecture:
1. D'un chapitre à l'autre, il y a moins de texte et plus d'images.
2. Version très améliorée du site précédent: réécriture, mise en page, ajout d'audiovisuel et plus.
3. Quelques photos ne sont pas de moi, ce sont les exceptions.
4. Des coquilles peuvent subsister dans cette version internet, et certains liens peuvent être brisés.
Merci!


(Début du livre)

En provenance de Prague, le gros Airbus glissait avec douceur au-dessus des paysages verdoyants sillonnés de jolies rivières de la Hollande.

Voici Amsterdam et son aéroport Schipol, un monstre qui bouffe 40 millions de voyageurs par année. Le temps est superbe. Pas un nuage, lumière éclatante, 26 degrés, vent léger. Après six mois passés dans onze pays africains et européens, j’étais presque revenu à la maison: un dernier train pour Bruxelles puis départ vers Montréal.

Tout était parfait.
Pourquoi alors je pleurais?


Pendant la descente, ma voisine me regardait du coin de l’œil. Elle n’a rien dit: dans un avion, on trouve mille explications à voir quelqu’un brailler. Si elle savait ce qui vient de se passer!

Mes émotions formaient un magma insaisissable. Heureux de faire un bilan positif de ce long périple exploratoire, mais encore troublé à la pensée des dangers qui ont été évités, de toutes ces choses qui auraient pu mal tourner et qui ne l’ont pas fait. Enfin, la plupart du temps.
Et "qu’étais-je donc allé chercher?"

Je suis vraiment passé d'une solitude à une autre: quatre mois à Rivière-du-Loup avec des gens dont la plupart étaient incompatibles pour moi, puis le Mali et 10 autres pays pendant six mois. Or, comme dit l'adage: "La solitude est le moyen de la destinée d'amener l'homme à lui-même". J'ai beaucoup appris, en effet, mais le prix mental a été assez élevé.


Le déclencheur (deux ans plus tôt)

Dans la salle de rédaction du quotidien La Presse, nous étions sept journalistes stagiaires. Après avoir publié 50 articles à ce titre, je préparais maintenant mon premier article à titre de pigiste. Il a été le déclencheur d’une suite d’imbroglios marquant les deux années suivantes, en fait ma vie.



En fait, l'article était presque terminé car dans les années précédentes, j’avais fait beaucoup de recherche pour trouver du travail à l’étranger comme enseignant (j'ai enseigné au Québec pendant plus de 10 ans). Je ne trouvais rien qui me convenait et j'avais donc un lourd dossier inutile sur le sujet. J'ai donc décidé d'en faire un long article.

Je n’avais pas de réponse toute faite à la question de mon titre. J’ai proposé l’idée à Rudy Lecours, chef de la division économique. "Ça m’intéresse". Deux jours plus tard mon texte était sur son bureau et il faisait la une de l’économie le jour suivant. Pleine page (et demie) avec grosse photo.


L'appel surprise

Cet article m’a valu plusieurs réactions des lecteurs mais un seul coup de fil aura suffi, dès le lendemain, celui de Gilles Dubé, directeur du cégep de Rivière-du-Loup. Il m’a appelé à la maison pour me dire qu’il est tombé "tombé par hasard" sur mon texte et qu’il veut me rappeler que le collège offre un programme de formation en coopération interculturelle comprenant quatre mois d’études intensives et quelques mois sur le terrain au Mali ou au Burkina Faso.

Tiens, me disais-je, c’est bien la seule porte où je ne suis pas aller frapper en trois ans! Pourquoi cette opportunité arrive-t-elle "par hasard", au terme d’une longue recherche infructueuse et alors que je suis juste à l’âge limite pour le programme? J’irais jusqu’à croire que je suis passé à La Presse seulement pour en arriver à ce coup de téléphone.

Un diplôme en coopération en Afrique, d'accord, mais l’avenir allait montrer que j’avais des choses plus urgentes à apprendre sur un continent plus mystérieux encore: ma propre identité. L’amour aussi.

Chose certaine, en causant avec Gilles, je flaire une autre "coïncidence significative". Il y en aura plein d'autres, parfois stupéfiantes, durant les mois à venir, je les raconte dans ce livre (leurs titres sont en rouge gras).

Merci à Denise Proulx pour ce joli article.


J’écoute M. Dubé me raconter comment fonctionne le programme et les expériences vécues par ceux qui m'ont précédés. Ça m’interpelle, c’est pour moi, c’est une réponse à ce que je cherche depuis des années. Après deux heures de discussion interurbaine (aux frais du collège), je suis convaincu: je dois m’inscrire, "ça Presse."


Rivière-du-loup en bref

Pour faire une histoire courte: je passe la pré-sélection en octobre, et en février je me rends pour la première fois de ma vie à Rivière-du-Loup pour un week-end devant mener à la sélection finale des vingt membres du prochain groupe d’etudiants. Chaque candidat à un peu moins d’une chance sur deux (à La Presse, c’était une sur quarante).

Les ateliers terminés, nous sommes tenus en otage dans cette ville par cette tempête de neige qui a paralysé tout l’Est du Québec pendant quelques jours. La 138 et la 40 sur la rive nord, la 20 et la 132 sur notre rive, toutes impraticables. Avouons cependant que nous n’étions pas à plaindre à l'auberge de jeunesse (visite virtuelle) avec un vieux piano, quelques pizzas, pas mal de bière et de vin de même que des herbes aux "vertus médicinales" (mais pas pour moi).


L'auberge de jeunesse de Rivière-du-Loup.

Dans toute cette expérience, c’était la première de nombreuses invitations de l’Univers à m’amener à aimer librement. Aimer non seulement ces gens, étudiants, professeurs, qui passeront dans ma vie, mais aimer au sens universel du terme. Gratuitement, sans complaisance ni soumission. Toujours un défi, surtout pour moi qui a rarement su dire "je t'aime".

J'en aurais tellement long à raconter sur la gamme des émotions, parfois heureuses, souvent troubles, que j’ai traversées en quatre mois à Rivière-du-Loup et à L’Isle-Verte, où j'étais logé.

Quatre mois avec les mêmes étudiants, presque toujours dans le même local (et certains d'entre nous étions colocataires), ça peut devenir lourd. Et j'ai probablement été "lourd" aux yeux de certains. À un certain moment je crois que plusieurs ne pouvaient plus "se sentir". Pour ma part, je me sentais vidé émotivement. Seul. Certains diraient "aliéné". J'ai cherché des moyens de me recentrer. Par exemple j'allais en forêt, tout près, faire un feu, des exercices et lire.

 "La solitude est le moyen de la destinée d'amener l'homme à lui-même"
Bon sang! Combien de fois me suis-je rappelé cette sagesse durant ces 6 mois!

Le rideau est levé: Action!
Les dés sont jetés: Snake eyes!
"Que Dieu nous vienne en aide!"

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