CHAPITRE 11

BURKINA FASO: BELLE RÉCOMPENSE!



Vidéo 1 minute


La fête des masques.

Au matin, je quitte Villabobo pour me diriger vers la mission protestante nichée en ville. Je me sens bien, je me sens mieux.  Depuis que nous avons passé la frontière hier soir, je respire mieux. À cause de plein de petites choses. Les routes sont belles, bien goudronnées, droites, bien signalisées. Ça fait plus sérieux!


La Villlabobo (Casafrica), où j'ai repris mes esprits après ce pénible déplacement de 16 heures de Bamako à Bobodioulasso.

Bobo-dioulasso est moins bidonville que ce que j’ai vu au Mali. Elle n’est pas très bruyante, il y a plusieurs goudrons (rues asphaltées), la végétation est riche, les gens sont accueillants, les bâtiments moins... rustiques, plus richement aménagés et plus colorés, les lampadaires sont nombreux, alignés. Opérationnels.  En fait, l’énergie est bonne. Je suis sous le charme. Pour la première fois depuis mon arrivée en Afrique, je suis dans un endroit où j’ai le goût de rester, mais aussi de REVENIR, ce qui est un choc en soi pour moi.


C'est à Bobo que j'ai vu ma première poubelle publique en 4 mois d'Afrique.


La "fierté africaine", dont on m’avait parlé, c’est ici que je la remarque vraiment pour la première fois ; je parlerais même d’un art de vivre. Et à la mission, je tombe sur un livre : Where he leads, de Dale Evans Roger. Je me sens soudain inspiré. C’est ce livre qui me donnera l’idée d’écrire ce que vous lisez en ce moment.

"Hasard incroyable 7" et plus:
J'ai raconté qu'à Sévaré j’avais ouvert mon évangile à la page marquée d'une brindille placée cinq mois avant, au Québec, pour tomber pile sur un sujet abordé par l’abbé trois heures plus tôt. Or j’avais ouvert le livre pour chercher un AUTRE passage.

Je l'ai trouvé ce matin. Je suis allé à l’église chrétienne. Je regarde la Bible de mon voisin, entrouverte à Hébreux 11. J’ai donc ouvert mon livre à ce chapitre.
Ô, hasard! C'est le passage que que je cherchais depuis un bon moment:

"La foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas."

Je pose donc la même question: pourquoi suis-je allé à l'église, m'asseoir à côté de ce type, qui avait sa Bible ouverte à la page que je cherchais? Pensez ce que vous voudrez!

Je peux continuer: au moment où j’écris ces notes, dans ma chambre, je lève les yeux et je vois l’affiche au mur, montrant un poussin sortant d’un œuf. Le texte dit (je traduis de l’anglais) :

"Je vois autour un monde parfois dur mais je vois aussi Dieu pour me guider et me mener à destination."

Je ne dis pas que je suis un miraculé, mais qu’en penser, à la fin?  À partir de ce moment, je n'ai plus aucun doute: "QUELQU'UN" a choisi le moyen de la lecture, l'imprimé, pour me communiquer des trucs. Ça fait trop de hasards.


La fête des masques

Cette fête funéraire rituelle prend place quand un chef de village décède. La fête a lieu six mois après le décès. Des hommes masqués et vêtus de costumes très colorés déambulent dans les rues avec dans les mains de longues tiges qu’ils utilisent pour faire des bonds ou... frapper les passants.  Chacun de ces hommes masqués représente un esprit différent, à la chasse de mauvais esprits qui pourraient empêcher le défunt d’aller au paradis. Les spectateurs, surtout les enfants, sont terrifiés et s’enfuient. Le manège peut durer des heures, voire des jours.


La fête des masques. Gare à vous si le masque vous attrape.

Au fil des ans, ce rituel est devenu une fête populaire tout comme la Toussaint est devenue cette mascarade populaire qu’est l’Halloween.  Je me suis retrouvé sans le vouloir au milieu d’une telle fête dans les rues de Bobo. Les gens (à 95% des mâles) prennent vraiment le "jeu" à cœur. J’ai été impressionné, un peu effrayé, de voir venir vers moi cette masse de gens qui s'enfuyait des "masques" en courant vers moi.

Au passage de la meute de jeunes, l’un d’eux a tenté d’un geste vif mais sans succès d’agripper l’appareil photo que je portais au cou. Une jeune fille est même venue se réfugier contre moi, car les Blancs ne risquent rien: aucun masque ne les touchera. J’en suis fort aise!


La gare de Bobo-Dioulasso.

 N’empêche que quand j’ai photographié un "masque" frappant quelqu’un, deux ou trois gars ont voulu m’arnaquer en exigeant de l’argent, essayant de me faire croire que je venais de commettre une offense. Un autre type m’a alors pris le bras et m’a éloigné d’eux.

Plus tard, j’ai causé religion avec Papas, au petit bar sympathique en face de la mission. Il est de Banfora. Papas est musulman mais il a un petit évangile des Gidéons dans sa poche, tout comme le mien.  Je vais souvent à ce bar siroter mon tonic water et causer d’actualité locale avec la barmaid ou avec Arnaud. Le soir, des musiciens viennent jouer. Bobo a une réputation de ville culturelle, j’ai tendance à le croire.

Il flotte ce je-ne-sais-quoi dans l’air, quelque chose de cool. On trouve des terrasses où peut goûter la bière locale, des cafés, de la musique à gauche et à droite. JE ME SENS BIEN!

Bamako, qui n’est quand même pas infernale, est quand même un cauchemar, comparée à Bobo. Et je ne suis pas le seul à tenir ces propos. Pourtant, le Burkina est aussi pauvre sinon plus que le Mali. Bref, tout laisse croire que les Burkinabés sont plus habiles à faire plus avec moins. Certains disent que c’est là un des aspects positifs de l’ancien régime militaire.

Le marché est, bien sûr, complètement fou. Ça ressemble à nos grands marchés aux puces. Je mets au défi quiconque de ne pas trouver ce qu’il lui faut.

J’ai acheté le Coran, j’ai commencé à l’étudier. Un peu nébuleux!

J'y ai trouvé plusieurs passages (vérifiez vous-mêmes) où le prophète, et donc Allah, recommande de tuer les chrétiens, et les Juifs bien sûr, qui sont "semblables à des singes et à des porcs" selon ce livre saint.
Le prophète suggère diverses façons de les tuer.

Voici ces passages (sourate et verset): (C'est la version corrigée de celle qu'on trouve dans mon livre papier)

 Tuez les non musulmans (pas près de la mosquée). Le concept de Trinité, plus grave que le meurtre. S.2 v.190-191
 Décapiter les non musulmans S8 v12 et S47 v4
 Tuer ou crucifier les non musulmans ("infidèles") S9 v5 , S9 v29 et S5 v33
 Brûlez les non musulmans. «Quand leur peau sera brûlée, nous (Allah) remplacerons leur peau pour qu’ils souffrent encore» (ORIGINAL!) S4 v56
 Pour les non musulmans, vêtements de feu et fouets de fer S22 v20-21
 Tuez les non musulmans (faire fondre leurs ventres, maillets de fer) S22 v20-21
 Tuez les non musulmans. "La Trinité ("association") est plus grave que le meurtre" S2 v190-191
 Tuez les adorateurs d'idoles (mais ils adorent la Pierre noire à La Mecque) S9 v5
 Ce n'est pas vous qui les tuez, c'est Allah. S8 v17
 Pédophilie avec filles prépubères S65 v4
 Les non musulmans sont des porcs et des singes S5 v60 et S8 v55
 Le sexe avec vos épouses et vos esclaves S4 v3 et S23 v6
 Si vos femmes désobéissent, sortez du lit et battez-les S4 v34 et S23 v1-6
 Vos femmes sont votre champ de labours, allez-y quand vous voulez S2 v223
 Allah ne pardonnera pas aux non musulmans S9 v80

C'est choquant mais c'est noir sur blanc. Aucun "contexte" particulier. Heureusement que l'immense majorité des musulmans n'obéissent pas complètement au prophète Mahomet (Mohamed). Je comprends maintenant que beaucoup de musulmans se convertissent au christianisme.

J’ai rencontré des pompiers de la ville ; cinq d’entre eux faisaient la pause dehors devant le camion-pompe. Recrutés chez les militaires, ils sont bien vêtus, les camions sont étincelants. Tout le monde à qui je cause me demande mon adresse. Jusqu’au serveur du restaurant.


Soudain, le Club Med...

Je me suis fait un ami, un jeune homme du nom d'Arnaud. C’est par hasard qu’on s’est adressé la parole quand je marchais en ville. Il est aussitôt devenu mon guide. On est allé au cinéma en plein air. Le dernier Van Damme, Arnaud a bien aimé.

Arnaud est gentil, réservé, très respectueux. Il allait à l’école jusqu’à tout récemment, mais c’est trop cher. Nous allons faire des courses ensemble. Mais je suis déçu d’entendre le gardien des lieux me demander d’éviter ces visites des "garçons de la rue".  

Nous avons loué une motobécane, quel pied! Nous sommes allés à la guinguette, près de Dinderesso, à 10 kilomètres de Bobo. Un merveilleux lagon alimenté par des sources. On raconte que les premiers colons venaient régulièrement s’y baigner sans danger. Attention: Selon un article paru sur sidwaya.info le 12 août 2022 ("Guinguette de Dinderesso: Le joyau des Bobolais se meurt"), ce lieu s'est beaucoup dégradé ces dernières années.

Ça commençait à ressembler au Club Med.

Au retour, on va à la sorbetière. Des douceurs dont Arnaud n’a sûrement pas l’habitude. Moi non plus, à bien y penser. Je trouvais déjà Bobo charmante, voilà que je m’amuse comme un jouvenceau.  Nous avons aussi visité un village non loin de Bobo. Incroyable, à quelques kilomètres à peine de la ville, me voilà à visiter un village qui me rappelle ceux de la brousse malienne.

La gare de Banfora. Des melons, des mangues à profusion, presque gratuits.

À la fin de cette journée de vent, de baignade et de soleil, on se tape une bonne bouffe au restaurant. On s’amuse bien, on s’entend bien. Je serai sous le charme de Bobo jusqu’à la fin. Bien sûr, j’ai un peu abusé de la motobécane, au soleil. Résultat, j’ai la peau brûlée, des chaleurs, des nausées et des maux de tête. Une insolation en règle.


Un autre bel endroit à Banfora, mais en saison sèche. Photo prise par Philippe Massé quelques années plus tard, quand j'ai travaillé un an au Burkina Faso.

Encore heureux que je portais un foulard. Ce malaise tombe mal puisque je dois partir vers la brousse de la Côte-d’Ivoire demain.

Prochaine étape, une ville dont le nom tient mal sur les cartes: Ferkéssédougou.

   Aller au chapitre 12

   Aller aux chapitres