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Isabelle Boulay, "Mieux qu’ici-bas"

Et 13 autres albums

Publié sur Canoë (voir au bas)
Autres critiques plus bas:
Joe Cocker  Sarah Brightman  Wyclef Jean  Omar Sosa  Brazilectro 
Who Is Jill Scott?  The Brian Setzer Orchestra  Marco Volcy  The Dandy Warhols  Morcheeba
Lavay Smith  Isabelle Boulay (Scènes d’amour)  Tracy Chapman
(Sidéral) Isabelle Boulay revient, toujours belle dedans comme dehors et avec ce sens affiné de l’esthétisme, dans tous les sens. On comprend mieux le respect qu’elle s'est gagné lentement mais sûrement sur les deux rives de l’Atlantique quand on voit la qualité des auteurs qui se sont bousculés pour qu’elle chante leurs chansons: Cocciante, Bruel, Lama, Zachary Richard, Daniel Seff, Cabrel, France d'Amour. Elle rendait d'ailleurs hommage à nombre d'entre eux sur son excellent "Scènes d'Amour", à qui QUOI accorde 10/10 plus bas.

Que dire? "Mieux qu’ici bas" est un précieux coffret de 14 compositions que Boulay prend amoureusement dans ses mains pour les lancer courageusement très haut dans le ciel. Daniel Seff y brille particulièrement (superbe pièce titre, puis "Le cœur combat" et "Nos rivières" en clôture). Par contre "C’était notre histoire" (de Cocciante) est le maillon relativement faible.

Par ailleurs, il y a probablement une limite à chanter toujours les mêmes thèmes (dans le genre: “Je t’entends si mal… jouer à ne plus rien entendre”… “Je t’aime trop… je ne sais plus pourquoi je t’aime”…) et cela malgré la richesse de certaines paroles. C’est pourquoi le prochain album de Isabelle deviendra un défi encore plus grand: saura-t-elle, voudra-t-elle transcender le genre? Beau travail d’équipe sans surprise, 8/10 (www.isabelleboulay.com)

Joe Cocker, No ordinary World (EMI)
Le vétéran Britannique à la voix écorchée reconnaissable entre mille fait un retour qui ne passera pas inaperçu en nous offrant ses chansons préférées, popularisées par d’autres artistes contemporains. Comme il se doit, les adaptations offertes ici sont tellement “adaptées” (While You See a Chance, de Steve Winwood; First We Take Manhattan, de Leonard Cohen) qu’on les reconnaît à peine. Ce n’est pas nécessairement un reproche, et comment pourrait-il en être autrement quand une chanson passe dans la moulinette d’un géant tel que Cocker? M’enfin, ce joli petit disque, même s’il ne passera pas à l’histoire, vous fera passer un bon moment en compagnie de papa Joe, surtout si vous êtes déjà l’un de ses fidèles. Joliment ficelé, finement arrangé, 7/10 (www.emimusic.ca)

Sarah Brightman, La Luna
La carrière de la diva britannique n'a pas toujours connu que la ligne ascendante, même si Brightman a su gagner un respect tout azimut. Elle avait excellé dans Phantom of the Opera; puis, The "Songs That Got Away", son premier album solo, est passé plutôt inaperçu. Après "As I Come Of Age" (1990), elle a enfin connu un immense succès en 1993 avec "Dive" ("Captain Nemo"), magnifique album au concept très inspiré. Le moyen "Eden", en 1999, voulait aussi révéler les talents de la chanteuse tant sur les plans pop que classique. Le même moule est utilisé pour "La Luna". Risque de redondance, donc.

Ce qui est parfois agaçant, avec Brightman, c’est qu’elle refuse de se brancher tout à fait du côté classique (sa vocation) ou de l’autre, populaire, où elle peut aussi exploiter à fond son talent. Cette dichotomie est apparente sur "La Luna" et "Eden". "Winter in July" nous laisse croire que l’équipée Brightman ira plus loin que "Eden", mais on nous sert ensuite la même recette sur le reste du CD. Brightman pourrait faire mieux. Elle l’a déjà fait, sur "Dive". À signaler les interprétations de "Scarborough Fair" (Simon & Garfunkel) et un classique des années soixante, "A Whiter Shade of Pale". D’autres grands noms sont interprétés dont Beethoven, Dvorak, Rachmaninov et Ennio Morricone. Grande voix et légers agacements, 7/10 (www.emimusic.ca)

Wyclef Jean, The Ecleftic (Sony)
Les collaborations passées du fameux hip-hopper et rapper haïtien (Newyorkais d’adoption) dont le Sénégalais Youssou N'Dour (présent ici) sont relativement prudentes en comparaison avec ce qu'il nous livre en solo, tant sur sa première tartine, The Carnival (1997), que sur The Ecleftic. Les jolies courbettes ne sont pas son truc et on le voit dès l’ouverture (le gros gag Columbia Records). Fils d’un pasteur, Wyclef Jean s’est fait connaître avec les rappeurs Tranzlater Crew, devenus plus tard The Fugees, avec qui Jean a fait plusieurs albums et qui ont connu un sommet avec leur version de Killing Me Softly, de Roberta Flack.

Wyclef Jean a écrit les 20 morceaux avec Jerry Duplessis (sauf Da Cypha, de Stylistics et Wish You Were Here de Pink Floyd et Pharaoahe Monch Dub Plate sur lequel Kenny Rogers pastiche lui-même son hit The Gambler!) Wyclef, observateur de notre société tordue, n’a pas la langue dans sa poche (Diallo, hommage au jeune Africain abattu de 41 balles par les flics newyorkais cet été, est un grand moment du CD) et ses musiques, quoiqu’habitutellement cool, sont parfois urgentes. Pourtant, The Ecleftic saura rejoindre un large auditoire d’amateurs tant de rap que de hip-hop, à condition qu’ils ne s’attendent pas à une grande révélation et qu’ils soient tolérants aux Yo, man! omniprésents. Un bon exercice dans le genre, 7/10 (www.wyclef.com)

Omar Sosa, Bembon Roots III (Sélect)
Brazilectro, Latin Flavoured Club Tunes (SPV) Deux sélections coup de coeur dans le créneau «nouveau latin». D’abord le troisième opus de Omar Sosa, enregistré à Quito, en Équateur, et à San Francisco avec un quintette techno-jazz qui frise le génie dans son habileté à pousser les limites «de cultures et de tempéraments dissonnants» avec un amour et une excitation contre lesquels toute résistance est vaine. Piano, basse acoustique, saxophones, clarinettes, violons et autres bongos sont tous mis à contribution de façon tout simplement brillante. Chaud, chaud, chaud, inspiré, superbe, 10/10 (www.melodia.com)

Le double CD Brazilectro s’inscrit parfaitement dans ce mouvement de plus en plus populaire consistant à réinterpréter les meilleures sambas et bossa novas brésiliennes à la saveur hip-hop urbaine du jour. L’exercice aurait pu s’avérer une autre putasserie comme on en voit parfois, mais attention! Le mariage des genres est ici très harmonieux et susceptible de nous faire redécouvrir avec amour ces rythmes et ces voix ensoleillés qui refusent tout simplement de vieillir. On embarque, excités par cette chimie irrésistible. On parle donc ici de deux disques dans un même emballage, soit 23 plages au total et autant d’artistes différents, par exemple Towa Tei, Pizzicato Five, Trüby Trio et DJ Dimitri . Transcendant, fortement recommandable 8/10 (www.spv.de)


NOUS AVONS AUSSI ÉCOUTÉ

Who Is Jill Scott? Words And Sounds Vol. 1 (Sony)
Premier CD de l’étiquette Hidden Beach Records. Étonnant: Josh Dolgin (Hour) l’a massacrée et même traitée de salope («horny») qui «doit avoir une vie nulle» et un autre critique, Gerard Dee, l’a portée aux nues. Nuançant l’enthousiasme débordant de Dee, QUOI recommande néanmoins cette jeune artiste qui évolue avec une aisance remarquable dans le R&B jazzé et juste pas trop hip-hop. Un des CD les plus easy de l’année, 7/10 (www.whoisjillscott.com)

The Brian Setzer Orchestra, Vavoom! (Universal)
Quelques mots pour rappeler que l’excellent guitariste et ex-leader des Stray Cats garde la forme, plus que jamais, comme le prouve cette nouvelle flopée de tounes prime jive et solidement rock’n roll - swing qui vous colleront un sourire à la figure et des urgences aux mollets, garantis! 8/10 (www.briansetzer.com)

Marco Volcy, Âme soul (Musicor)
Les nobles intentions de ce nouvel artiste de chez nous ne sont pas remises en question, ni la qualité musicale de ce doux métissage R&B / jazz populaire. Le bémol se trouve dans la tiédeur, voire la monotonie de l’ensemble et la grande faiblesse des paroles. 6/10

The Dandy Warhols, Thirteen Tales From Urban Bohemia (EMI).
Bon, bon! Les critiques étaient tout excités avec ce troisième CD de cette autre bande de paumés à sortir de Portland. Relativisons les choses: oui, les D.W. forment un bon band de guitares (sèches et électriques); oui, leurs compositions proposent une originalité et un guts rafraîchissants qu’on avait oublié dans le rock. Non, ce n’est pas mer à boire; non, ce n’est pas l’album génial qui vous marquera pour la vie. Quand les Stones débarquent chez Bowie, 7/10 (www.dandywarhols.com)

Morcheeba, Fragments of Freedom (Warner).
Les critiques sont partagés sur ce troisième CD. C’est que Fragments… est moins planant que le précédent Big Calm, moins hip et assurément plus pop, plus punché, plus dansant (et avec de vrais instruments!) avec ce jazz urbain éclaté toujours en toile de fond. Moi je me suis beaucoup amusé, surtout en m’entraînant au gym. Tonique! 8/10 (www.morcheeba.net)

Lavay Smith, Everybody’s Talkin’ ‘Bout Miss Thing! (Fat Note Records)
Juste deux mots pour dire que ce CD est l’un des meilleurs qui soit arrivé ces derniers temps dans le créneau jazz, années trente à cinquante. Vous savez ces bars enfumés où les mafiosos jouaient du coude mais où tout le monde s’éclataient avec ces contrebasses, saxophones et trompettes très tight? Alors voilà, éclatez-vous! Superbe, 8/10

Isabelle Boulay, Scènes d’amour
Ne nous égarons pas dans les longues rhétoriques: ce deuxième disque de la fougueuse Isabelle est un plaisir exquis. Si elle a choisi d’interpréter quelques-uns des grands noms de la chanson francophone, elle le fait avec une honnêteté blindée. L’excellent résultat est qu’elle fait siennes ces dix-sept chansons mais en les traitant avec un respect palpable.

Véritablement, elle les aime, et cet amour coule entre nos oreilles comme une douce rivière. Parmi les moments forts; outre le succès Tombée de toi (la seule composition de Boulay ici), on se rappellera de la musclée Tandem de Gainsbourg, la magnifique J’ai mal à l’amour, co-écrite par Mario Peluso en duo avec Laurence Jalbert, la non moins éclatante Perdus dans le même décor de Corcoran et chantée avec lui, ainsi que deux joyaux clôturant l’album: l’Amsterdam, de Brel, qui prend aux tripes, et la triste et belle C’était l’hiver de Francis Cabrel et chantée avec lui.

Les Eric Lapointe, Gildor Roy, Claude Léveillée, Zachary Richard, Dan Bigras, Barnev Valnsaint, France D’Amour et Michel Rivard complètent avec Boulay cette grande toile dramatique qui est un authentique événement en soi. Pour la deuxième fois seulement (depuis Santana il y a six mois) QUOI accorde une note parfaite, parce que cet écrin de 17 bijoux est sans faille, tant sur les plans technique que artistique, et parce qu’il est un plaidoyer majeur de ce que la chanson de la francophonie a de mieux à offrir. Un plaisir pur dans le genre, 10/10

Tracy Chapman, Telling stories
Elle avait touché des millions de coeur dès son premier album en 1988, classique déjà indéracinable avec sa locomotive Fast car. Elle a remporté un Grammy, elle a vendu plus de 13 millions de galettes à ce jour. Pas mal pour cette artiste tout ce qu’il y a de timide et low-profile! On lui a reproché avec raison d’aborder toutes sortes de thèmes avec tellement de calme que la passion en devient nivelée sans différenciation. Chose certaine, la voix de Chapman, à la rigueur monocorde, n’a pas bougé, même après cinq albums et d’innombrables concerts.

De façon générale, le «produit» de Chapman a tendance à se diluer d’album en album, un fait attristant qui soulève des inquiétudes pour l’avenir. Malgré cela, ses deux premiers albums recèlent de grandes richesses. Puis est venu Matters of the heart; qui est passé relativement inaperçu. Puis New beginning contenait bien des sursauts de vie, tel le hit Give me one reason, mais peine perdue: sur Telling lies, on est face à la redondance ennuyante. Certains plaideront plutôt la maturité et la sérénité, n’empêche qu’on oubliera vite cet album qui ne va nulle part. Manque de jarret, 5/10
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